Bjorn Teani Posté(e) le 27 novembre 2013 Share Posté(e) le 27 novembre 2013 Vous, cycliste, vous pédalez pour rien. En partie. Statistiquement, vous avez toutes les chances de ne pas être dans une position qui permettrait le meilleur résultat sur votre vélo. Je parle de résultat et non de "rendement" car la pratique cycliste ce n'est pas uniquement d'aller le plus loin et le plus vite, mais aussi (et surtout) d'y aller en se faisant plaisir. Le temps, la distance, le plaisir. Du professionnel au randonneur, chacun a ses préférences... En tout cas, une chose est sûre : personne n'aime souffrir inutilement. Pourtant, en pédalant, beaucoup d'entre vous se font mal, inutilement, à chaque tour de pédale. Mais pourquoi ?Qui pédale ? Contrairement à ce que semble vouloir faire croire le "marché", du couple cycliste/vélo, c'est bien vous l'élément le plus important. Ce n'est ni le poids et encore moins la couleur de votre vélo qui sont déterminant. Pas la peine de développer au delà, mais le rappeler me semble nécessaire. Et vous êtes limités par plusieurs facteurs. Le premier étant votre forme. Il y a aussi votre âge, vos gênes, votre entrainement, votre morphologie, votre femme, votre santé et votre bedaine éventuelle... qui sont autant de paramètres de première importance. Ensuite (et seulement ensuite) vient la machine, le vélo. Et puis la route et son revêtement, son dénivelé et ses conditions atmosphériques. Etant donné que la taille de votre bedaine et le choix du parcours (et de votre femme) vous regardent, intéressons-nous un instant à la machine, votre biclou ou petite reine, bike, spad, bicyclette, chariot, brouette ou vélo, c'est selon.Quel est sont rôle ? C'est un intermédiaire, un élément de transition. Il transforme un bipède en ensemble roulant, décuplant sa vitesse et sa portée. C'est simple, après la roue, c'est une des grandes inventions de l'humanité, ni plus ni moins. Dans une étude américaine(1) sur l'efficacité des espèces à se déplacer d'un point A à B avec le moins d'énergie possible, le condor arrivait en tête et l'homme, simple bipède, était dans la dernière moitié du classement. Mais ce bipède étant intelligent, il inventa le vélo et depuis, il a relégué le condor loin derrière lui. Voilà, c'est simple, grâce au vélo, il n'y a pas de déplacement plus efficace ! Le rôle du vélo est de transformer un mouvement humain, vertical et périodique (le fait de monter et descendre les jambes, car il n'y a que ça que l'on sache faire correctement avec ces deux appendices) en un mouvement horizontal et constant. Le tout en permettant au reste du corps de : respirer correctement, d'avoir un flux sanguin et nerveux optimal et une vue dégagée, de répartir au mieux les appuis pour que les pressions soient bien orientées et que n'apparaissent pas d'autres douleurs que celles dues à notre volonté d'aller plus ou moins vite et loin. Son rôle n'est pas : de nous donner mal au dos, mal aux poignets, mal aux "fesses", mal aux genoux, mal à la plante des pieds, de nous rendre impotent et même de nous faire oublier que nous avons une verge ou tout autre élément de première importance que l'on fait souffrir inutilement. Au contraire même, le vélo est sensé, avec la natation et le ski de fond, être un des sports qui entretient le mieux le corps ! Alors pourquoi tant de souffrances ? Ceux qui ont trouvé leur bonheur le savent bien : ils roulent et ne changent rien. Les autres, changent de selle, de chaussures, de cintre, de potence, puis à nouveau de selle... puis de vélo et même de vélociste car bon, il faut bien un fautif ! Lorsque se pose la question du changement de vélo (ou de cadre), quels sont les paramètres qui rentrent en jeu ? Réputation de la marque ? Pédigrée ? Esthétique ? Prix ? Poids ? Combien d'entre vous commencent par regarder les tableaux de géométries pour orienter son choix ? Un marathonien vous dira que mal choisir la taille de ses chaussures est critique. Un mauvais choix de chaussure et vos problèmes de pieds remonteront jusqu'à votre colonne. Dans le monde de la "càp", les chaussures se déclinent généralement en plus de 30 tailles. D'ailleurs, un revendeur sérieux vous demandera d'abord quel type de foulée vous avez, si vous êtes pronateur ou supinateur... Ensuite il vous proposera des modèles et des marques qui peuvent vous convenir. Maintenant, revenons au monde du vélo. Il est aisé de comprendre que le choix d'un vélo, de par la multitude des appuis à positionner et la variété de l'espèce humaine, devrait être plus complexe qu'un choix de chaussure. Mais quel est le choix disponible ? Régulièrement, j'effectue un tour des grandes marques du marché pour voir ce qu'elles proposent en termes de prix, de modèles et surtout de tailles... Actuellement, ces marques proposent de 7 à 13 tailles en tout. Car même s'il y a plusieurs modèles de cadres, leurs géométries sont parfois identiques. Alors oui, on peut changer de potence, de déport de tige de selle, mais en changeant une valeur, on impacte les autres... et pas forcément dans le bon sens. De plus, la longueur de la potence, le nombre de bagues et l'importance du déport aura des impacts non négligeables sur le comportement dynamique de votre vélo. Je suis régulièrement sidéré par le fait que les cyclistes connaissent plus précisément le poids de leur vélo que leurs valeurs de positionnement. La positon, c'est la variable. On est mal sur son vélo, on va voir le vélociste (qui va faire ce qu'il peut avec ce qui est disponible). Il vous fait changer de selle et potence. Ensuite, il vous fait changer de vélo. Un cadre est alors commandé. On vous pose dessus et là, on fait au mieux. Vous êtes jeune ? Très bien, vous vous adapterez. Vous ne respirer pas au mieux et vos muscles ne seront pas dans la position idéale pour effectuer un mouvement que vous allez faire des milliers de fois ? Ce n'est pas dramatique, on verra bien quand vous serez plus vieux... Là, à ce stade (de "vieux"), il existe deux cyclistes. Celui à qui on ne la fait pas : il connait sa position et s'attache à la retrouver sur son prochain vélo. On le reconnait facilement en magasin, il se balade un mètre à la main. Et il y a l'autre, celui qui a voyagé de vélo en vélo... connaissant à peine la taille réelle de son cadre. A cette personne nous lui souhaitons réellement de tomber sur un vélociste sérieux (et il y en a) qui saura le positionner au mieux pour qu'il puisse encore rouler longtemps ! Je le constate régulièrement avec mes clients et je ne comprends pas : Tout cycliste, qui roule, que ce soit pour le plaisir ou la compétition, devrait commencer par savoir quelle position lui conviendrait, et passer sa vie à l'affiner ! Le marathonien a bien commencé par mesurer son pied avant de choisir sa chaussure !! Mais dans le vélo non. C'est à peine si l'on considère taille et entrejambe. Et nous n'allons pas blâmer les vélocistes : pourquoi chercher une position au millimètre si c'est ensuite pour ne pas avoir de taille de cadre qui corresponde !? Oui, le corps a de formidables capacités d'adaptation. Mais quand même, pourquoi la position n'est elle pas le facteur déterminant dans le choix d'un cadre ? Oui, statistiquement, les tailles de cadres proposés par l'industrie conviennent à la plupart des gens... en gros. Mais où est le progrès dans sa pratique cycliste ? Gagner 100g sur le vélo ou arriver d'une position convenant "en gros" à une position parfaite, millimétrée, où l'on sent tout son corps travailler en harmonie avec la machine. Aucune douleur inutile, les appuis sont idéaux. La circulation des flux, sanguins, nerveux, aérien est parfaite... tout tourne et on avance. On fait corps avec la machine, on l'oublie et il ne reste plus que le plaisir de rouler ! C'est ça, pour moi, l'objectif à atteindre ! Sans cela, vous pédalez en partie pour votre plaisir et en partie pour vous faire mal de manière inutile. Pour rien, en somme. C'est cette petite douleur qui vous gâche la sortie. Cette position trop couchée qui vous a empêché de respirer au mieux et donc d'avoir l'apport énergétique maximal. Ou encore l'angle de votre poignet sur le cintre, qui fait que vous avez usé vos articulations qui vous feront bientôt mal. Quant aux fesses... Elles mériteraient tout un chapitre également. Vous vous dites que je prêche pour ma paroisse : le sur-mesure ? Oui et non. Oui car un cadre à 100% sur mesure est ce que l'on fera de mieux pour le cycliste, j'en suis persuadé. Et non, pas forcément si l'on considère le choix proposé non pas par chaque marque mais par leur ensemble, la grande majorité des cyclistes pourraient trouver leur bonheur, au millimètre près (ou demi-centimètre, en tous cas). Le préalable à tout cela c'est que le cycliste s'intéresse d'abord à sa position avant même de regarder quels vélos pourraient lui plaire. Définir sa position, même si elle est incertaine au début. Ensuite, se renseigner sur les géométries que proposent les marques. Certaines marques sont plus agressives que d'autres sur le positionnement (et la dynamique du cadre), d'autres sont plus traditionnelles... D'autres encore font même une distinction claire entre une position « course » et « cyclo ». A vous de trouver laquelle vous correspond. Il y a énormément de professionnels qui pourraient vous aider ! Il suffit que vous leur parliez de l'importance du positionnement au lieu de leur demander le poids du vélo ! (1) ça m'a été soufflé par Steve Jobs, ni plus ni moins, mais j'avoue n'avoir aujourd'hui pas encore retrouvé l'étude en tant que tel... Je ne trouve que des articles lui faisant référence. Mais je cherche encore. Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bjorn Teani Posté(e) le 27 novembre 2013 Auteur Share Posté(e) le 27 novembre 2013 (modifié) Pour aller plus loin... Voici un lien vers un article très intéressant qui parle du rendement musculaire sur un vélo (malheureusement en anglais, mais si vous utilisez le navigateur Chrome, celui-ci pourra vous proposer une traduction instantannée) : Human Power Avec M. Blondeau, qui m'a aidé et aide toujours sur le sujet, nous avons retrouvé des articles de magazine où l'on remarque que le choix de tailles de cadre par le passé était, en moyenne, plus élevé qu'aujourd'hui : Les côtes de 9 cadres en aluminium en 1994 Fabrication TIME en 1994 Les côtes des cadres LOOK en 1994 Et vous, avez vous le sentiment qu'actuellement, le choix de taille est trop restreint ? Ou ne vous étiez-vous même jamais posé la question ?N'hésitez pas à partager votre point de vu sur la sujet. J'ai (nous avons) en tant que professionnel parfois une vision faussé de la réalité... Car comme un docteur pourrait croire que la planète entière est malade à force de voir des patients toute la journée, nous sommes également souvent confrontés à des personnes qui ne sont pas bien sur leur vélo... Et donc, naturellement, nous généralisons peut-être un peu facilement. Mon expérience personnelle à travailler chez un vélociste date aussi de quelques années maintenant... peut-être que la donne a changé... D'après ce que je ressens (et c'est corroboré par des collègues), les jeunes vélocistes ont, plus que les "anciens" moins de certitudes sur le positionnement tout en considérant que celui-ci est primordial... Modifié le 27 novembre 2013 par Bjorn Teani Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Cedric Lemaitre Posté(e) le 30 novembre 2013 Share Posté(e) le 30 novembre 2013 Je vous rejoints Bjorn et Vincent sur cette analyse. Il existe effectivement un nombre de taille moi important pour un même cadre chez les constructeurs ce qui donne lieu à des érésies : Nombre de bague sous la potences incroyable et dangereuse - Potence aux dimensions extrêmes. Il y a quand même quelques exceptions. Chez Colnago, de Rosa et Pinarello, il y a sur quelques modèles un nombre de tailles très importantes. Chez Trek, avec les géométries Pro et cyclo, il est possible d'avoir un cadre avec un nombre d’entretoise et longueur de potence "raisonnable" pour une très majorité d'utilisateur. En ce qui concerne les vélocistes, le gros problème est qu'ils positionnent majoritairement d'un point de vue esthétique et en ayant comme repère les pro... Ceci donne lieux des moutons à 5 pattes! Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Vincent Blondeau Posté(e) le 17 décembre 2013 Share Posté(e) le 17 décembre 2013 (modifié) Ce qui est frappant c'est aussi que les "petits", en dessous de 170 cm chez les hommes et les femmes, et les "grands" (au delà de 190cm) ont beaucoup de mal a trouver un cadre. Les maximums atteints en étude posturale, vont de 152 cm a 203 cm avec cadre sur mesure en titane à la clef. Il n'y a pas que pour les cadres que se posent les problèmes il y a aussi pour les chaussures. Modifié le 17 décembre 2013 par Bjorn Teani Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Bjorn Teani Posté(e) le 21 juillet 2015 Auteur Share Posté(e) le 21 juillet 2015 JefMath a retrouvé un lien intéressant pointant vers l'étude américaine cherchant à évaluer l'efficacité énergétique d'un cycliste. le lièvre et la tortue Certes, l'étude ne prend pas en compte la qualité du positionnement du cycliste (sujet initial de cette discussion), mais on apprend qu'un cycliste est plus efficace qu'un dauphin ou un pigeon... Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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